Merleau-Ponty : Du « scénario marxiste » à l’épochè du marxisme.Approche linguistique du social et de l’histoire

  • Chapter
  • First Online:
Le Moment marxiste de la phénoménologie française

Part of the book series: Phaenomenologica ((PHAE,volume 231))

  • 241 Accesses

Abstract

Le début de la Guerre froide met définitivement fin aux espoirs que Merleau-Ponty nourrit à la Libération. En 1944, il espère en effet que « l’esprit du marxisme [va] reparaître », qu’il peut, par ses diverses interventions, « favoriser, à l’intérieur du parti [communiste] français, les tendances au "communisme occidental" », et qu’une histoire rationnelle aboutissant à la réconciliation de l’homme avec lui-même est encore possible. À partir des années 1947–48, une telle position devient intenable. Comme nous l’avons vu, la division du monde en deux camps antagonistes sans espoir de réconciliation divise non seulement la société française, mais également le champ intellectuel et philosophique : toute position théorique est immédiatement lue en termes politiques et prise entre les feux croisés des deux ennemis. Dans cette nouvelle configuration, il n’est donc pas étonnant que la position médiane des Temps Modernes, et notamment de Merleau-Ponty, se trouve la cible d’attaques venant de l’un et l’autre camp. Si Humanisme et terreur suscite des indignations et des condamnations venues du camp libéral, le texte ne trouve pas davantage grâce aux yeux des communistes : Merleau-Ponty est même la cible de son ami J.-T. Desanti en décembre 1948, dès le premier numéro de La Nouvelle Critique. Merleau-Ponty décrit en 1948 cette situation comme celle d’une « politique paranoïaque » où « ultra-subjectivisme » et « ultra-objectivisme » se rejoignent dans une forme de « complicité objective » pour condamner et disqualifier toute tentative de dépassement de l’antagonisme qui structure le monde contemporain.

« On dirait que, vers ce temps [1950] Merleau se trouve à la croisée des chemins et qu’il répugne encore à choisir »

(Sartre, « Merleau-Ponty vivant », p. 229).

« Jonas avait seulement écrit, en très petits caractères, un mot qu’on pouvait déchiffrer, mais dont on ne savait s’il fallait y lire solitaire ou solidaire »

(Camus, Jonas ou l’artiste au travail).

This is a preview of subscription content, log in via an institution to check access.

Access this chapter

Subscribe and save

Springer+ Basic
EUR 32.99 /Month
  • Get 10 units per month
  • Download Article/Chapter or Ebook
  • 1 Unit = 1 Article or 1 Chapter
  • Cancel anytime
Subscribe now

Buy Now

Chapter
USD 29.95
Price excludes VAT (USA)
  • Available as PDF
  • Read on any device
  • Instant download
  • Own it forever
eBook
USD 99.00
Price excludes VAT (USA)
  • Available as EPUB and PDF
  • Read on any device
  • Instant download
  • Own it forever
Hardcover Book
USD 129.99
Price excludes VAT (USA)
  • Durable hardcover edition
  • Dispatched in 3 to 5 business days
  • Free ship** worldwide - see info

Tax calculation will be finalised at checkout

Purchases are for personal use only

Institutional subscriptions

Notes

  1. 1.

    SNS, Préface, p. 9.

  2. 2.

    « L’adversaire est complice », P1, p. 141.

  3. 3.

    J.-T. Desanti, « Le philosophe et le prolétaire », NC, n°1, décembre 1948 (La pensée captive. Articles de « La Nouvelle Critique » (1948–1956), Paris, PUF, 2008, p. 37–51) ; cf. aussi « Merleau-Ponty et la décomposition de l’idéalisme », NC, n°37, juin 1952 (ibid., p. 75–94).

  4. 4.

    Ce sera d’ailleurs le titre qu’il donnera dans Signes à l’article initialement publié dans LTM sous le titre « Communisme et anticommunisme » (Signes, p. 397–422). La formule se trouve p. 405.

  5. 5.

    C’est le titre de l’éditorial des TM de juillet 1948 rédigé par Merleau-Ponty (repris dans P1, p. 112–121).

  6. 6.

    MPV, p. 236.

  7. 7.

    Entre juillet 1950, lorsqu’il rédige deux notes de la rédaction des TM (signées « TM ») pour répondre aux critiques de C.L.R. James et de J.-D. Martinet, et l’automne 1954 quand il commence à écrire dans L’Express, Merleau-Ponty ne publie pas le moindre texte d’intervention politique, et la seule discussion publique de problèmes contemporains se trouve dans la conférence « L’homme et l’adversité » (en septembre 1951).

  8. 8.

    Un texte en 1950 (« Les jours de notre vie »), trois en 1951 (« Sur la phénoménologie du langage », « Le philosophe et la sociologie », « L’homme et l’adversité »), un en 1952 (« Le langage indirect et les voix du silence »), et un en 1953 (Éloge de la philosophie) – ce qui accuse un fort contraste avec sa productivité de l’immédiat après-guerre.

  9. 9.

    Psychologie et pédagogie de l’enfant. Cours de Sorbonne 1949–1952 [Sorb], Lagrasse, Verdier, 2001.

  10. 10.

    TiTra, P2, p. 9–35 ; Inéd, P2, p. 36–48.

  11. 11.

    Ce manuscrit a été publié par Cl. Lefort en 1969 sous le titre La prose du monde. Des notes de lecture et de travail, ainsi que des esquisses et des plans relatifs à cet ouvrage projeté ont été déposés à la BNF (Fonds Maurice Merleau-Ponty, BNF, NAF 26986, vol. III, 79ff.).

  12. 12.

    Cf. R. Barbaras, De l’être du phénomène. Sur l’ontologie de Merleau-Ponty, Grenoble, Jérôme Millon, 2001, Partie I, chap. 4–5 ; « De la parole à l’Être. Le problème de l’expression comme voie d’accès à l’ontologie », Le tournant de l’expérience, Paris, Vrin, 1998, p. 183–199.

  13. 13.

    Inéd, P2, p. 41–42.

  14. 14.

    Inéd, P2, p. 45.

  15. 15.

    E. Bimbenet, Nature et humanité. Le problème anthropologique dans l’œuvre de Merleau-Ponty, Paris, Vrin, 2004, p. 206.

  16. 16.

    Cette idée est confirmée par ses notes de préparation de son premier cours au Collège de France : « Monde de l’expression = les choses culturelles, les "objets d’usage", les symboles. (je n’ai pas dit : univers du langage) ». Il ajoute ensuite que l’un des buts du cours est de « faire une théorie concrète de l’esprit » (MSME, p. 45).

  17. 17.

    « Je n’ai nullement renoncé, en 1950, à écrire sur la politique ; j’ai au contraire toujours pensé que La Prose du monde aurait une seconde partie sur le catholicisme et une troisième sur la révolution » (Lettre de Merleau-Ponty à Sartre, 8 juillet 1953, dans P2, p. 145) ; voir aussi « Notes de 1955–1957 » (Fonds Maurice Merleau-Ponty, BNF, NAF 26991, Vol. VIII).

  18. 18.

    Inéd, P2, p. 42.

  19. 19.

    En effet, comme il le dit dans l’Avant-propos de la PhP : « Le plus grand enseignement de la réduction est l'impossibilité d'une réduction complète » (PhP, Avant-propos, p. VIII).

  20. 20.

    Ainsi pour étudier les rapports entre âme et le corps dans ses thèses, il choisit les objets particuliers que sont le « comportement », la « structure », le « corps propre », la « perception », etc., lesquels neutralisent les thèses objectivistes et subjectivistes, et permettent d’accéder au domaine spécifique de l’union entre âme et corps. De la même manière, dans « Le langage indirect et les voix du silence », il se propose d’analyser le langage à travers l’expression picturale en renvoyant explicitement à l’idée de réduction : « pour comprendre langage dans son opération d’origine » il faudrait « feindre de n’avoir jamais parlé » et « le soumettre à une réduction sans laquelle il nous échapperait encore » (LIVS, Signes, p. 75).

  21. 21.

    « Annexe. L’homme et l’adversité », P2, p. 321–323.

  22. 22.

    « Annexe. L’homme et l’adversité », P2, p. 323.

  23. 23.

    LIVS, Signes, p. 63–135.

  24. 24.

    Tout se passe en effet comme si ses analyses de la conception saussurienne du langage (p. 63–75) et de l’histoire de l’art (p. 75–113) étaient une approche indirecte de l’histoire permettant de neutraliser ou de réduire les thèses dominantes. En effet, après avoir élaboré le sens de l’histoire dans l’art, il écrit : « Comprise ainsi, l’histoire échapperait […] aux confuses discussions dont elle est aujourd’hui l’objet » (p. 113).

  25. 25.

    LIVS, Signes, p. 118.

  26. 26.

    « Il fallait commencer l’étude des rapports interhumains dans la culture par celle du langage, parce que le langage […] nous donne mieux qu’aucun autre phénomène une chance de comprendre l’articulation de l’individuel sur le social, et les rapports d’échange entre la nature et la culture » (TiTra, P2, p. 31).

  27. 27.

    TiTra, P2, p. 31–32.

  28. 28.

    M. Mauss, « Des rapports réels et pratiques de la psychologie et de la sociologie » (1924), dans Sociologie et anthropologie, Paris, PUF, 1950, p. 299. Sur ce point, voir B. Karsenti, L’homme total. Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss, Paris, PUF, 2011, Partie II « Totalisation du social et modèle linguistique », p. 131–204.

  29. 29.

    C. L. R. James, Les jacobins noirs. Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue, Paris, Éditions Amsterdam, 2017 [1re éd. 1949]. Pour ces références de Merleau-Ponty à l’ouvrage, voir notamment MH [NM], Signes, p. 357–359 ; et le débat dans Les Temps modernes en 1950 (« [Les Jacobins noirs] », P1, p. 125–133.

  30. 30.

    C’est ce dont témoignent notamment ses deux articles de 1951 « Sur la phénoménologie du langage » et « Le philosophe et la sociologie », ainsi que son cours de l’année universitaire 1951–52 « Les sciences de l’homme et la phénoménologie ». En parallèle, Merleau-Ponty mène également une activité éditoriale afin de rendre accessible la phénoménologie au public francophone. Dans la collection « Bibliothèque de philosophie », qu’il dirige (avec Sartre) à partir de 1950 chez Gallimard, Merleau-Ponty accorde une place toute particulière aux ouvrages phénoménologiques : les Ideen I (qui paraissent en 1950 dans la traduction de Ricœur), mais également K. Goldstein (La structure de l’organisme en 1951), Heidegger (Kant et le problème de la métaphysique en 1953) ou M. Scheler (Le formalisme en éthique et l’éthique matérielle des valeurs en 1955). Par ailleurs, dès la fin des années quarante, Merleau-Ponty sollicite H. L. Van Breda afin d’obtenir les droits de la Krisis, qu’il veut publier dans une traduction de Ricœur (Lettre à H. L. Van Breda, 11 novembre 1948 – « Archives des Archives », université de Louvain). Cette tentative ne reçoit toutefois pas de réponse favorable parce que l’édition complète du texte allemand n’a pas encore été faite (H. L. Van Breda, Lettre à Merleau-Ponty, 1er février 1949).

  31. 31.

    H. L. Van Breda remarque ainsi que les textes inédits de Husserl que Merleau-Ponty lui demande de consulter à cette époque concernent tous le rapport entre phénoménologie et psychologie, c'est-à-dire plus généralement le rapport entre philosophie et sciences (H. L. Van Breda, « Maurice Merleau-Ponty et les Archives-Husserl à Louvain », RMM, octobre-décembre 1962, n°4, p. 426).

  32. 32.

    SHP, Sorb, p. 397–464 et P2, p. 49–128.

  33. 33.

    PhiSoc, Signes, p. 165–166.

  34. 34.

    Cf. E. Husserl, « Postface à mes idées directrices » (1930), dans La phénoménologie et les fondements des sciences, Paris, PUF, 1993, p. 190–191 ; E. Husserl, MC, V, §57, p. 111–112.

  35. 35.

    PhiSoc, Signes, p. 166. Cf. aussi SHP, p. 413 où il parle du « rapport d’entrelacement ou d’enveloppement réciproque entre la psychologie et la phénoménologie » dans les textes de Husserl.

  36. 36.

    SHP, p. 400–414. Cet exemple sera repris et développé dans la seconde partie du cours (p. 423–464).

  37. 37.

    SHP, p. 415–417. Cf. aussi SPL.

  38. 38.

    SHP, p. 417–420.

  39. 39.

    Même si pour les raisons que nous avons évoquées plus haut, le domaine politique est, au début des années 1950 mis hors circuit, c’est également dans cette optique que Merleau-Ponty envisagera par la suite le rapport entre ces trois domaines, comme on peut voir dans sa Leçon inaugurale au Collège de France, lorsqu’il évoque le rapport entre philosophie et politique à travers la figure de Socrate (EP, p. 38–44 ; cf. aussi la conclusion p. 59–63).

  40. 40.

    SPL, Signes, p. 142 et p. 151. Voir aussi, CAL, Sorb, p. 70 : « Ce que nous demanderons aux linguistes, ce ne sont pas leurs conclusions philosophiques […]. Nous chercherons à participer à leur expérience du langage ».

  41. 41.

    HT, Partie II, chap. 1, p. 237.

  42. 42.

    HT, Partie II, chap. 2, p. 262.

  43. 43.

    « Pourra-t-on jamais éliminer la tyrannie de la vie politique, est-il vrai que l’État puisse dépérir et les relations politiques ou sociales des hommes se résorber jamais dans leurs relations humaines, c’est une question. Mais si nous n’avons pas l’assurance de cet achèvement […] c’est assez […] pour pousser les choses dans le sens de la liberté effective » (PV, SNS, p. 184). « Si la lutte des classes redevient le moteur de l’histoire, si décidément, l’alternative se précise du socialisme ou du chaos, à nous de choisir un socialisme prolétarien, non comme l’assurance du bonheur – nous ne savons pas si l’homme peut jamais s’intégrer à la coexistence, ni si le bonheur de chaque pays est compossible avec celui des autres –, mais comme cet autre avenir inconnu auquel il faut passer sous peine de mort » (« Autour du marxisme », SNS, p. 151).

  44. 44.

    « Autour du marxisme », SNS, p. 151. « Nous devons prendre garde que rien, dans notre action, ne contribue à freiner le mouvement prolétarien […]. En somme la politique effective du P.C.. Reconstruire avec le prolétariat, il n’y a pour le moment, rien d’autre à faire. Simplement nous ferons cette politique d’attente sans illusion » (PV, SNS, p. 207)

  45. 45.

    « Le citoyen d’aujourd’hui n’est pas sûr que le monde humain soit possible » (SNS, Préface, p. 9).

  46. 46.

    « Le Manifeste communiste a cent ans », P1, p. 107.

  47. 47.

    PV, SNS, p. 195, p. 197 et p. 207.

  48. 48.

    PV, SNS, p. 205.

  49. 49.

    PV, SNS, p. 197.

  50. 50.

    PV, SNS, p. 203.

  51. 51.

    PV, SNS, p. 207–208.

  52. 52.

    Il s’agit d’un éditorial des Temps Modernes rédigé par Merleau-Ponty (repris dans P1, p. 112–121), et qui introduit un article de Pierre Uri sur le sujet.

  53. 53.

    « L’aide américaine à l’Europe est impensable dans les perspectives de l’impérialisme au sens marxiste » (« Complicité objective », P1, p. 114). Merleau-Ponty fait référence à la théorie de l’impérialisme popularisée par Lénine dans Impérialisme stade suprême du capitalisme (1916). Cette théorie, qui s’appuie en grande partie sur les analyses du marxiste social-démocrate R. Hilferding (dans Le capital financier), définit l’impérialisme comme le processus d’exportation de capitaux mené à bien grâce à l’intégration croissante entre l’État moderne et les banques. La concurrence financière se transforme alors en rivalité inter-impérialiste, qui finit par conduire à la guerre.

  54. 54.

    « Complicité objective », P1, p. 114–115.

  55. 55.

    La position de Merleau-Ponty n’est en effet pas aussi étrangère au marxisme qu’il semble le croire. Avant la guerre de 1914, K. Kautsky, le principal théoricien de la IIe Internationale, défend l’idée d’un « ultra-impérialisme » (Ultraimperialismus), c'est-à-dire d’une phase du capitalisme où les grandes nations impérialistes parviendraient à réguler leurs différends afin d’exploiter le monde. Cette théorie, qui connaît un succès important au sein de la social-démocratie européenne avant 1914, est discréditée par le déclenchement de la Première guerre mondiale, puis par la conflictualité des relations internationales jusqu’en 1945. La théorie de l’impérialisme de Lénine s’impose alors comme la principale théorie de l’impérialisme au sein du marxisme. Sur la diversité des théories de l’impérialisme au sein du marxisme, voir notamment A. Brewer, Marxist Theories of Imperialism. A Critical Survey, London, New York, Routledge, 1980.

  56. 56.

    MPV, SIV, p. 228. Lukács quant à lui estime dans Existentialisme ou marxisme ? que la position intellectuelle de Merleau-Ponty relève du « trotskisme » (G. Lukács, Existentialisme ou marxisme ?, Paris, Nagel, 1961 [1re éd. 1948], notamment p. 187–188).

  57. 57.

    Le trotskisme classique considère en effet que l’URSS de Staline est une dictature bureaucratique, mais qui sera bientôt renversée par une nouvelle révolution. En attendant, il est donc nécessaire de préserver les acquis positifs de socialisme, et donc défendre l’URSS contre toute tentative de restauration du capitalisme (et donc dans une guerre contre les États-Unis). Ces points ont fait l’objet d’innombrables discussions au sein du courant trotskiste. Pour une vue d’ensemble des différentes interprétations marxistes de l’URSS, voir M. Van der Linden, Western Marxism and the Soviet Union. A Survey of Critical Theories and Debates Since 1917, Leiden, Brill, 2007.

  58. 58.

    Jean-Daniel Martinet (1913–1976) : médecin syndicaliste révolutionnaire qui écrit aux Temps Modernes en 1950, à la suite de l’éditorial « Les jours de notre vie », pour critiquer ses analyses de l’URSS et son positionnement par rapport aux communistes (cf. « L’adversaire est complice », P1, p. 134–138 pour la lettre ouverte de Martinet et p. 138–145 pour la réponse de Merleau-Ponty au nom de la revue).

  59. 59.

    « L’adversaire est complice », P1, p. 139. « Bien entendu, nous savions avant 1950 qu’il existait des camps en Russie. Nous ne savions pas quel était le volume, le rôle dans la production soviétique, ni jusqu’à quel point ils dénaturaient le socialisme d’État de l’URSS » (ibid.).

  60. 60.

    « L’adversaire est complice », P1, p. 139–140.

  61. 61.

    Dans « Complicité objective », Merleau-Ponty affirme déjà (au nom des TM) que le sens du système soviétique est profondément altéré par l’existence du travail concentrationnaire : « Nous pensons que le travail forcé ou concentrationnaire n’est pas seulement en URSS un des moyens de répression dont aucune révolution ne se passe, qu’il devient un élément permanent de la production soviétique (et corrélativement la police un pouvoir) et qu’en conséquence le système n’a aucune chance de réaliser le socialisme » (« Complicité objective », p. 120). De la même manière, en 1949, dans « Machiavélisme et humanisme », il affirme (en son propre nom) que « l’expédient de Cronstadt est devenu système » (MH [NM], Signes, p. 363).

  62. 62.

    JNV [URSS], Signes, p. 428.

  63. 63.

    « S’il y a en URSS un saboteur, un espion ou un paresseux pour vingt habitants, alors que plus d’une épuration a déjà "assaini" le pays, s’il faut aujourd’hui "rééduquer" dix millions de citoyens soviétiques alors que les nourrissons d’octobre 1917 ont passé trente-deux ans, c’est que le système récrée lui-même et sans cesse son opposition. S’il y a répression permanente, et si, loin de se résorber, l’appareil répressif s’installe dans le déséquilibre, c’est que les forces productives sont étouffées par les formes de production » (JNV [URSS], Signes, p. 427).

  64. 64.

    JNV [URSS], Signes, p. 427–428.

  65. 65.

    Merleau-Ponty s’écarte alors des positions du trotskisme classique et se rapproche de celles notamment défendues par le groupe Socialisme ou barbarie (qui a lui-même rompu avec le trotskisme en 1948).

  66. 66.

    PV, SNS, p. 188–190

  67. 67.

    « Rejeter l’aide sous prétexte qu’elle prépare l’imperium, comme le fait le parti communiste, annexer l’aide à la croisade anticommuniste, comme le fait le R.P.F. [gaulliste], ces politiques jumelles ont pour commun résultat de rendre impossible le plan comme plan de rééquilibrage, elles sont l’équivalent d’un consentement à la guerre » (« Complicité objective », P1, p. 119).

  68. 68.

    ComAnt [PP], Signes, p. 408.

  69. 69.

    Sur l’effet traumatique de la perspective d’une nouvelle guerre mondiale et d’une invasion soviétique de l’Europe sur le champ intellectuel, voir notamment S. de Beauvoir, FC, t. 1, p. 317–320.

  70. 70.

    HoAdv, Signes, p. 388–390.

  71. 71.

    « Nous en venons à nous demander si 1917 a vraiment marqué l’affleurement d’une logique de l’histoire qui ramènerait tôt ou tard les problèmes et les solutions du marxisme, ou si, au contraire, 1917 n’a pas été une chance, un cas privilégié, exceptionnellement favorable à la vue marxiste de l’histoire » (ComAnt [PP], Signes, p. 421).

  72. 72.

    Cf. infra, Partie III, chap. 7.

  73. 73.

    ComAnt [PP], Signes, p. 407–408.

  74. 74.

    ComAnt [PP], Signes, p. 408.

  75. 75.

    JNV [URSS], Signes, p. 440.

  76. 76.

    JNV [URSS], Signes, p. 440. L’exemple des « amis américains » fait en effet figure de mise en garde : « Ils ont jeté par dessus bord, avec le stalinisme et le trotskysme, toute espèce de critique marxiste, toute espèce d’humeur radicale. […] Ils n’ont plus d’idée politique » (ibid., p. 436).

  77. 77.

    « Le Manifeste communiste a cent ans », P1, p. 103–108.

  78. 78.

    « Le Manifeste communiste a cent ans », P1, p. 107.

  79. 79.

    « Le Manifeste communiste a cent ans », P1, p. 107.

  80. 80.

    Causeries, V, p. 50

  81. 81.

    Sur l’interprétation de la révolution permanente, voir HT, Partie I, chap. 3, p. 171.

  82. 82.

    Sur cette lecture de Trotski, voir HT, Partie I, chap. 3, p. 175–178. C’est le sens du « rationalisme » qui caractérise le Trotski d’après la perte du pouvoir et qui le rapproche, selon Merleau-Ponty, de la « morale kantienne » et même de « l’utopie ».

  83. 83.

    L. Trotski, « L’URSS en guerre » (25 septembre 1939), Défense du marxisme, Paris, EDI, 1972, p. 101–124. Ce texte et l’hypothèse qui y est formulée sont discutés par Merleau-Ponty dans Humanisme et terreur (Partie II, chap. 2, p. 262–265), puis dans « Communisme et anticommunisme (Signes, p. 415–422). Cf. aussi « Réponse à C.L.R. James », P1, p. 133).

  84. 84.

    Merleau-Ponty cite « L’URSS en guerre » de Trotski : « Si onéreux que cette seconde perspective [que le régime de Staline soit une nouvelle société fondée sur l’exploitation] puisse être, si le prolétariat mondial se montrait incapable de remplir la mission qui lui a été confiée par le cours du développement, il ne resterait plus qu’à reconnaître que le programme socialiste, fondé sur les contradictions internes de la société capitaliste, est finalement une utopie » (ComAnt [PP], Signes, p. 419 – cf. L. Trotski, op. cit., p. 110).

  85. 85.

    ComAnt [PP], Signes, p. 418

  86. 86.

    « À mesure que nous sommes mieux renseignés sur l’importance relative du travail forcé et du travail libre en URSS, sur le volume du système concentrationnaire, sur la quasi-autonomie du système policier, il devient toujours plus difficile de voir l’URSS comme transition vers le socialisme ou même comme État ouvrier dégénéré, en un mot de mettre en perspective 1917 » (ComAnt [PP], Signes, p. 420–421).

  87. 87.

    « La tombe de Trotski, s’il faut croire les photographies des journaux, porte une faucille et un marteau, sans rien qui distingue cet emblème de celui de l’URSS. Ainsi continue-t-il de s’affirmer solidaire des conquêtes d’Octobre » (ComAnt [PP], Signes, p. 421–422).

  88. 88.

    ComAnt [PP], Signes, p. 419 (il cite L. Trotski, « L’URSS en guerre », op. cit., p. 110).

  89. 89.

    C’est ce qu’il affirme dans ses Causeries radiophoniques à l’automne 1948 : « Ni notre examen du socialisme ni notre examen du libéralisme ne peut donc être sans réserves ni restriction et nous demeurons dans cette assiette instable tant que le cours des choses et la conscience des hommes n’auront pas rendu possible le dépassement de ces deux systèmes ambigus » (Causeries, VII, p. 68).

  90. 90.

    « Complicité objective », P1, p. 117.

  91. 91.

    MH [NM], Signes, p. 363.

  92. 92.

    « Il croit que les hommes sont immuables » (MH [NM], Signes, p. 360).

  93. 93.

    « il croit […] que les régimes se succèdent en cycle » (MH [NM], Signes, p. 360).

  94. 94.

    MH [NM], Signes, p. 362.

  95. 95.

    Cf. supra, Partie I, chap. 3.

  96. 96.

    MH [NM], Signes, p. 361.

  97. 97.

    S. Audier, Machiavel, conflit et liberté, Paris, Vrin/EHESS, 2005, chap. 2, p. 155–206.

  98. 98.

    MH [NM], Signes, p. 363.

  99. 99.

    « La guerre a eu lieu », SNS, p. 173.

  100. 100.

    « La guerre a eu lieu », SNS, p. 180

  101. 101.

    Nous retrouvons la difficulté diagnostiquée par R. Barbaras à propos du corps : le manque d’élaboration positive du phénomène conduit Merleau-Ponty à finalement privilégier l’un des membres de l’alternative qu’il se proposait pourtant de dépasser (cf. R. Barbaras, op. cit., chap. 1, p. 24–36).

  102. 102.

    TiTra, P2, p. 31–32.

  103. 103.

    Le courant culturaliste américain (ou « théorie culturaliste de la personnalité ») articule anthropologie et psychanalyse pour tenter de mettre en lumière l’influence des institutions sur la personnalité, et montre, à travers de nombreuses enquêtes ethnographiques, la relativité des formes culturelles. Ses principaux représentants sont Ruth Benedict (1887–1948), Margaret Mead (1901–1978), Ralph Linton (1893–1953), et Abram Kardiner (1891–1981), dont Merleau-Ponty mobilise les travaux dans de nombreux cours à la Sorbonne.

  104. 104.

    « L’enfant vu par l’adulte », Sorb, p. 100.

  105. 105.

    SC, chap. 3, p. 142–147.

  106. 106.

    CAL, Sorb, p. 82. « La volonté de parler est une même chose avec la volonté d’être compris » (EP, p. 56).

  107. 107.

    « Il faut qu’une forme soit en usage pour être comprise » (CAL, Sorb, p. 76).

  108. 108.

    CAL, Sorb, p. 82.

  109. 109.

    CAL, Sorb, p. 79.

  110. 110.

    EP, p. 57; CAL, Sorb, p. 86.

  111. 111.

    Merleau-Ponty adopte ici le schéma hégélien de la reconnaissance, popularisé par le cours de Kojève sur la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel. Selon Kojève, l’humanité se caractérise en effet en ceci qu’elle est animée fondamentalement d’un Désir de « reconnaissance » (cf. A. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel, Paris, Gallimard, 1968 [1re éd. 1947], notamment Introduction, p. 13–14).

  112. 112.

    Merleau-Ponty parle d’ « idée kantienne » à propos de la volonté de communication (CAL, Sorb, p. 79).

  113. 113.

    Cf. notamment « L’enfant vu par l’adulte », Sorb, p. 128–154 ; « Psycho-sociologie de l’enfant », Sorb, p. 296–301 ; « Les relations avec autrui chez l’enfant », Sorb, p. 379–396 ; « La méthode en psychologie de l’enfant », Sorb, p. 489–495. Voir aussi HuEng, P1, p. 230–231.

  114. 114.

    A. Kardiner développe le concept de « structure de personnalité de base » dans son ouvrage L’individu dans la société. Essai d’anthropologie psychanalytique (1939), Gallimard, 1969. Merleau-Ponty se réfère plusieurs fois à ses analyses portant sur l’Île d’Alor et sur un village américain de Plainville (A. Kardiner, The Psychological Frontiers of Society, Columbia University Press, 1945).

  115. 115.

    « Le culturalisme est la meilleure contribution apportée depuis cent ans au problème qui nous occupe. Par l’intermédiaire de la personnalité de base, il offre un moyen de penser ce rapport souligné par le marxisme » (« Psycho-sociologie de l’enfant », Sorb, p. 301).

  116. 116.

    « L’enfant vu par l’adulte », Sorb, p. 130 ; « Les relations avec autrui chez l’enfant », Sorb, p. 379–382.

  117. 117.

    K. Marx et F. Engels, IA, chap. 1, Fragment I/5-3, p. 201. Sur ce passage, voir F. Fischbach, Philosophies de Marx, Paris, Vrin, 2015, p. 112–114.

  118. 118.

    K. Marx et F. Engels, IA, chap. 1, Fragment I/5-3, p. 199.

  119. 119.

    « L’enfant vu par l’adulte », Sorb, p. 158.

  120. 120.

    Merleau-Ponty aurait également pu faire référence, dans Le Capital, aux notions de « personnification de catégories économiques » (K. Marx, Le Capital, Livre I, Préface à la 1re éd. allemande, p. 6) ou de « masque économique » (ibid., chap. 2, p. 97), pour expliquer les mêmes phénomènes. Voir aussi la description du capitaliste en tant que « capital personnifié » (ibid., chap. 4, p. 172–173).

  121. 121.

    « L’enfant vu par l’adulte », Sorb, p. 158–159.

  122. 122.

    EP, p. 55.

  123. 123.

    EP, p. 55.

  124. 124.

    EP, p. 54.

  125. 125.

    « Le plus simple était d’imaginer vaguement une dialectique de la matière là où Marx parlait, au contraire, d’une "matière humaine", c'est-à-dire prise dans le mouvement de la praxis. Mais cet expédiant altérait l’intuition de Marx » (EP, p. 55).

  126. 126.

    EP, p. 54.

  127. 127.

    EP, p. 56.

  128. 128.

    LIVS, Signes, p. 64–66.

  129. 129.

    LIVS, Signes, p. 63. Cf. aussi « Sur la phénoménologie du langage », où il écrit que les éléments de la langue « font système dans la synchronie en ce sens que chacun d’eux ne signifie que sa différence à l’égard des autres » (SPL, Signes, p. 143).

  130. 130.

    SPL, Signes, p. 143.

  131. 131.

    LIVS, Signes, p. 68.

  132. 132.

    EP, p. 56–57.

  133. 133.

    EP, p. 57.

  134. 134.

    Ainsi, en marge du manuscrit de la Prose du monde, il écrit « il y a une Gestalt de la langue » (PM, note p. 53) ; cf. aussi « la parole joue toujours sur fond de parole, elle n’est jamais qu’un pli dans l’immense tissu du parler » (LIVS, Signes, p. 68).

  135. 135.

    Ainsi, pour reprendre un exemple utilisé par Merleau-Ponty, les fonctionnaires soviétiques ont recours à différents expédients pour sauver le système soviétique, mais cela ne conduit qu’à accroître les déséquilibres et transformer la nature du régime (cf. JNV [URSS], Signes, p. 429–432).

  136. 136.

    TiTra, P2, p. 32.

  137. 137.

    K. Marx et F. Engels, IA, chap. 1, Fragment I/5-9, p. 299.

  138. 138.

    « Le but que nous recherchons est de montrer qu’entre la vie psychique et la vie collective ou sociale, il existe une médiation, un milieu : c’est la culture. La culture et l’intégration à la culture donnent un sens concret aux relations entre le psychique et le social. Cela avait déjà été remarqué, depuis longtemps par Marx et Hegel […]. En dépit de ces relations constatées, on ne voyait pas le « comment ». La notion de culture apporte une réponse » (« Les relations avec autrui chez l’enfant », Sorb, p. 381).

  139. 139.

    HuENg, P1, p. 230–240.

  140. 140.

    HuEng, P1, p. 230–231.

  141. 141.

    « Les relations avec autrui chez l’enfant », Sorb, p. 381–382.

  142. 142.

    Sur genèse de la notion d’empiétement, voir E. de Saint Aubert, Du lien des êtres aux éléments de l’être. Merleau-Ponty au tournant des années 1945–1951, Paris, Vrin, 2004, Section A « Le lien des êtres. Naissance de l’empiétement et de la chair (1945–1951) », p. 35–205.

  143. 143.

    « Lukács et l’autocritique » [« Marxisme et superstition »], Signes, p. 422 ; cf. aussi Inéd, P2, p. 47. Merleau-Ponty fait référence à la Lettre à Borgius du 25 janvier 1894, dans laquelle Engels écrit : « Plus le domaine qui est l’objet précis de notre étude s’éloigne de l’économie et se rapproche de l’idéologique pur et abstrait, plus nous constaterons que son développement présente de hasard, et plus sa courbe se déroule en zigzags. Mais si vous tracez l’axe moyen de la courbe, vous trouverez que plus la période considérée est longue et le domaine étudié est grand, plus le cours de cet axe est à peu près parallèle à l’axe du développement économique » (F. Engels, LF, p. 181).

  144. 144.

    « La transformation de la nature par le travail humain a une influence profonde sur toute relation humaine […]. Le mode de propriété, d’outillage et de production influe sur une société donnée d’une façon plus profonde qu’on ne croirait ; la manière dont nous "travaillons" le monde extérieur définit notre mode de pensée » (« L’enfant vu par l’adulte », Sorb, p. 98).

  145. 145.

    « Ce qu’il y a de précieux dans les conceptions d’Engels, c’est de considérer les phénomènes économiques comme ayant une signification humaine » (« L’enfant vu par l’adulte », Sorb, p. 100). Pour la lecture que Merleau-Ponty fait d’Engels, voir « L’enfant vu par l’adulte », Sorb, p. 98–100.

  146. 146.

    « L’enfant vue par l’adulte », Sorb, p. 100.

  147. 147.

    « Les relations avec autrui chez l’enfant », Sorb, p. 381.

  148. 148.

    « Les relations avec autrui chez l’enfant », Sorb, p. 382.

  149. 149.

    Merleau-Ponty aborde ainsi déjà l’un des thèmes qui sera au centre de son analyse de la dialectique. Si Merleau-Ponty utilise certes depuis longtemps le terme de « dialectique » (et dans certains textes assez fréquemment), ce n’est qu’à partir de 1953 que cette notion fait l’objet d’une réflexion spécifique. Cf. infra, Partie III, chap. 7.

  150. 150.

    TiTra, P2, p. 31.

  151. 151.

    EP, p. 52–54.

  152. 152.

    EP, p. 52.

  153. 153.

    EP, p. 52.

  154. 154.

    EP, p. 53.

  155. 155.

    La première trace d’un tel rapprochement se trouve dans un cours de l’année universitaire 1949–50 « La conscience et l’acquisition du langage » (CAL, Sorb, p. 67–86, et en particulier p. 85–86). Merleau-Ponty avait déjà mis en rapport la linguistique avec la sociologie et l’histoire dans son cours de 1947–48 à l’université de Lyon intitulé « Langage et communication ». Pour une présentation du contenu de ce cours, voir H. Silverman, « Merleau-Ponty on Language and Communication », Inscriptions. After Phenomenology and Stucturalism, Evanston, Northwestern University Press, p. 95–107.

  156. 156.

    EP, p. 56.

  157. 157.

    CAL, Sorb, p. 70.

  158. 158.

    SPL, Signes, p. 142.

  159. 159.

    CAL, Sorb, p. 68.

  160. 160.

    CAL, Sorb, p. 68.

  161. 161.

    CAL, Sorb, p. 77.

  162. 162.

    CAL, Sorb, p. 80.

  163. 163.

    CAL, Sorb, p. 85.

  164. 164.

    CAL, Sorb, p. 77.

  165. 165.

    EP, p. 55.

  166. 166.

    EP, p. 54.

  167. 167.

    EP, p. 56.

  168. 168.

    CAL, Sorb, p. 82. Cf. aussi SPL, Signes, p. 142.

  169. 169.

    CAL, Sorb, p. 86.

  170. 170.

    Il rappelle généralement à ce propos comment la perspective de G. Guillaume (avec son « schème sublinguistique ») vient modifier la stricte dichotomie de Saussure (cf. CAL, Sorb, p. 85 ; SPL, Signes, p. 140). Les travaux plus récents sur Saussure tendent à revenir sur les dichotomies strictes, qui ne viendraient pas de Saussure lui-même, mais des éditeurs du Cours de linguistique générale.

  171. 171.

    Sur ce point, voir notamment E. Holenstein, Jakobson ou le structuralisme phénoménologique, Paris, Seghers, 1974.

  172. 172.

    CAL, Sorb, p. 84–85.

  173. 173.

    « La synchronie enveloppe la diachronie […] la diachronie enveloppe la synchronie » (SPL, Signes, p. 140).

  174. 174.

    Il y aurait un « sens dans le devenir du langage » (SPL, Signes, p. 140).

  175. 175.

    CAL, Sorb, p. 68.

  176. 176.

    SPL, Signes, p. 140.

  177. 177.

    SPL, Signes, p. 141.

  178. 178.

    Une telle conception rappelle à certains égards celle de la totalité structurée d’Althusser, dont on ne peut faire de « coupe d’essence » (cf. L. Althusser, « L’objet du Capital », dans Lire le Capital, Paris, PUF, 2008 [1re éd. 1965], IV « Les défauts de l’économie classique. Esquisse du concept de temps historique », p. 272–309). Merleau-Ponty a certainement exercé une influence importante sur Althusser – influence que ce dernier cherche à effacer après 1955 et la publication des Aventures de la dialectique. Althusser a notamment assisté au cours de Merleau-Ponty à l’ENS de 1948–1949 sur « Métaphysique du langage », qui débute par une présentation de la linguistique saussurienne. Ses notes de cours sont déposées à l’IMEC (Fonds Althusser, ALT2. A56-05, 14ff.).

  179. 179.

    CAL, Sorb, p. 79.

  180. 180.

    CAL, Sorb, p. 82. « La volonté de parler est une même chose avec la volonté d’être compris » (EP, p. 56).

  181. 181.

    CAL, Sorb, p. 82.

  182. 182.

    Merleau-Ponty cite les exemples « d’épatant » ou de « formidable ».

  183. 183.

    CAL, Sorb, p. 76.

  184. 184.

    « L’usure, la décadence d’un système expressif a laissé derrière lui des débris qui ont été ressaisis, remaniés, réemployés, comme par une nouvelle onde d’expressions » (CAL, Sorb, p. 77) ; « C’est souvent l’usure d’une forme qui suggère aux sujets parlants d’employer selon un principe nouveau les moyens de discrimination qui subsistent à la date considérée dans la langue » (EP, p. 56).

  185. 185.

    « L’exigence permanente de communication fait inventer et fait accepter un nouvel emploi qui n’est pas délibéré, et qui cependant est systématique. Le fait contingent, repris par la volonté d’expression, devient un nouveau moyen d’expression qui prend sa place et a un sens dans l’histoire de cette langue » (EP, p. 56).

  186. 186.

    CAL, Sorb, p. 85.

  187. 187.

    PM, p. 50.

  188. 188.

    « De même que le moteur de la langue est la volonté de communiquer ("nous sommes jetés dans la langue", situés dans le langage et par lui engagés dans un processus d’explication rationnelle avec autrui), de même ce qui meut tout le développement historique, c’est la situation commune des hommes, leur volonté de coexister et de se reconnaître » (CAL, Sorb, p. 86). Dans EP, il dit que les modifications diachroniques « sont polarisées par le fait que, comme participants d’un système symbolique, nous existons les uns aux yeux des autres, les uns avec les autres, de même que les changements de la langue le sont [polarisés] par notre volonté de parler et d’être compris » (EP, p. 57).

  189. 189.

    EP, p. 56.

  190. 190.

    Merleau-Ponty fait ici référence à la « Préface de 1859 » : « À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production présents […]. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient, ces rapports se changent en chaînes pour ces dernières » (K. Marx, Contrib., « Avant-propos », p. 63). Dans son projet de recherche de 1951, Merleau-Ponty affirme (en utilisant un autre vocabulaire) que les institutions « ont cessé de vivre quand elles se montrent incapables de porter une poésie des rapports humains, c'est-à-dire l’appel de chaque liberté à toutes les autres » (Inéd, P1, p. 45).

  191. 191.

    Merleau-Ponty cite l’exemple du Parlement : « Ex : le Parlement qui était à l’origine une cour de justice, acquit progressivement, à partir du droit d’enregistrement des édits royaux, le droit de remontrance, et au point de devenir au xviiie siècle un organe d’opposition politique » (CAL, Sorb, p. 81–82). Il aurait également pu citer l’exemple des États généraux devenus Assemblée nationale, ou encore celui de la réutilisation en 1871 de l’idée de « Commune de Paris » par les insurgés parisiens.

  192. 192.

    CAL, Sorb, p. 86.

  193. 193.

    CAL, Sorb, p. 86 : « Le principe d’ordre et de rationalité historique n’élimine pas les hasards, il les tourne ou les utilise, il convertit comme dirait à peu près Saussure le fortuit en systèmes ; il sollicite et investit l’événement pur sans l’éliminer. Peut-être est-ce une idée de ce genre qui fait l’originalité de la conception marxiste de l’histoire (par opposition à la conception hégélienne). Du moins Trotski le comprenait-il ainsi quand il disait que la logique de l’histoire peut être considérée par métaphore, comme une sorte de "sélection naturelle" (ce qui n’est bien entendu qu’une métaphore, les forces qui jouent ici sont celles de la productivité humaine et non de la nature : il s’agit d’une "sélection historique") » Sur l’usage du paradigme darwinien pour penser l’histoire, voir supra, Partie I, chap. 3.

  194. 194.

    CAL, Sorb, p. 86.

  195. 195.

    K. Marx et F. Engels, IA, chap. 1, Fragment I/5-3, p. 105.

  196. 196.

    CAL, Sorb, p. 79.

  197. 197.

    JNV [URSS], Signes, p. 430.

  198. 198.

    Cf. infra, Partie I, chap. 1.

  199. 199.

    Le concept de Stiftung joue un rôle important dans la phénoménologie génétique de Husserl. Il apparaît notamment dans les Méditations cartésiennes (cf. E. Husserl, MC, IV, §38 et V, §50–51), dans la Krisis (cf. notamment le §15) et dans L’origine de la géométrie.

  200. 200.

    « Les conséquences de la parole […] passent toujours ses prémisses » (SPL, Signes, p. 148).

  201. 201.

    « J’exprime lorsque, utilisant tous ces instruments déjà parlants, je leur fais dire quelque chose qu’ils n’ont jamais dit » (SPL, Signes, p. 147).

  202. 202.

    SPL, Signes, p. 145–149. « Exprimer, pour le sujet parlant, c’est prendre conscience ; il n’exprime pas seulement pour les autres, il exprime pour savoir lui-même ce qu’il vise » (SPL, Signes, p. 146–147).

  203. 203.

    SPL, Signes, p. 149.

  204. 204.

    LIVS, Signes, p. 75.

  205. 205.

    La notion était déjà présente dans « Sur la phénoménologie du langage » (SPL, Signes, p. 146–149), mais dans un sens plus subjectif que celui que développe Merleau-Ponty dans le texte de 1952 : il s’intéresse en effet davantage à ce qui fait qu’une nouvelle signification est disponible pour moi qu’à l’institution « objective » de cette signification pour les autres dans la langue.

  206. 206.

    Cf. infra, Partie III, chap. 7.

  207. 207.

    LIVS, Signes, p. 98.

  208. 208.

    LIVS, Signes, p. 97.

  209. 209.

    Comme l’écrit Marx dans les TF, ce qui fait de « l’activité humaine » une « praxis révolutionnaire », c’est qu’elle est à la fois « autochangement » et « changement des circonstances » (K. Marx, TF, Thèse 3, trad. G. Labica, p. 20).

  210. 210.

    « Le peintre ou le politique forme les autres bien plus qu’il ne les suit, le public qu’il vise n’est pas donné, c’est celui que son œuvre justement suscitera » (LIVS, Signes, p. 119).

  211. 211.

    LIVS, Signes, p. 117.

  212. 212.

    LIVS, Signes, p. 119.

  213. 213.

    TiTra, P2, p. 32–33.

  214. 214.

    Inéd, P2, p. 46–47.

  215. 215.

    TiTra, P2, p. 32–33.

  216. 216.

    LIVS, Signes, p. 113.

  217. 217.

    TiTra, P2, p. 33.

  218. 218.

    LIVS, Signes, p. 95–102.

  219. 219.

    LIVS, Signes, p. 96.

  220. 220.

    LIVS, Signes, p. 97. L’histoire cruelle est une historicité « ironique ou même dérisoire, et faite de contresens, parce que chaque temps lutte contre les autres comme contre des étrangers en leur imposant ses soucis, ses perspectives. Elle est oubli plutôt que mémoire, elle est morcellement, ignorance, extériorité » (ibid.).

  221. 221.

    LIVS, Signes, p. 97.

  222. 222.

    LIVS, Signes, p. 104–122.

  223. 223.

    La séquence s’ouvre en effet par « Allons au bout du problème » (LIVS, Signes, p. 104).

  224. 224.

    LIVS, Signes, p. 106.

  225. 225.

    K. Marx et F. Engels, SF, chap. 6, p. 116.

  226. 226.

    LIVS, Signes, p. 110.

  227. 227.

    TiTra, P2, p. 34.

  228. 228.

    « Nous avons dans l’exercice de notre corps et de nos sens, en tant qu’ils nous insèrent dans le monde, de quoi comprendre notre gesticulation culturelle en tant qu’elle nous insère dans l’histoire » (LIVS, Signes, p. 113).

  229. 229.

    Cl. Lévi-Strauss, Les Structures élémentaires de la parenté, Mouton & Co et Maison des sciences de l’Homme, 1967, chap. VII « L’illusion archaïque », p. 99 et p. 110.

  230. 230.

    TiTra, P2, p. 34.

  231. 231.

    LIVS, Signes, p. 113.

  232. 232.

    LIVS, Signes, p. 112. Dans la Prose du monde, Merleau-Ponty écrit « les difficultés que l’on trouve à donner une formule rationnelle de chaque langue […] montrent qu’en un sens, dans cette immense histoire où rien ne finit ou ne commence soudain […], dans ce mouvement perpétuel des langues où passé, présent et avenir sont mêlés, aucune coupure rigoureuse n’est possible, et qu’enfin, il n’y a, à la rigueur, qu’une seule langue en devenir » (PM, p. 55–56).

  233. 233.

    Signes, Préface, p. 19.

Author information

Authors and Affiliations

Authors

Corresponding author

Correspondence to Alexandre Feron .

Rights and permissions

Reprints and permissions

Copyright information

© 2022 The Editor(s) (if applicable) and The Author(s), under exclusive license to Springer Nature Switzerland AG

About this chapter

Check for updates. Verify currency and authenticity via CrossMark

Cite this chapter

Feron, A. (2022). Merleau-Ponty : Du « scénario marxiste » à l’épochè du marxisme.Approche linguistique du social et de l’histoire. In: Le Moment marxiste de la phénoménologie française. Phaenomenologica, vol 231. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-030-70690-6_5

Download citation

Publish with us

Policies and ethics

Navigation