Chère consœur, cher confrère,

J’espère que vous allez bien dans la mesure possible par les temps qui courent. La pandémie de Covid-19 semble tirer à sa fin, mais l’épouvantable guerre en Ukraine nous attriste tous.

Ce numéro est consacré à trois thèmes qui ont tous une grande importance pratique. Andreas Kremer de l’hôpital universitaire de Zurich examine des aspects cliniquement importants du prurit. Le prurit – la démangeaison – est un symptôme d’une maladie de base. Ainsi, différentes affections relevant de la médecine interne, de la dermatologie, de la neurologie ou de la psychiatrie peuvent causer un prurit susceptible de détériorer considérablement la qualité de vie des patients. Le prurit est un problème fréquent, affectant p. ex. en Allemagne 15 % de la population. Le traitement de la maladie de base est l’objectif primaire de l’approche thérapeutique, mais on ne trouve souvent pas de maladie de base responsable du prurit. À cela peut s’ajouter l’utilisation ciblée de médicaments choisis en fonction de la cause du prurit. La rifampicine est par exemple efficace lors d’une cause hépato-biliaire du prurit (p. ex. lors d’une cholangite biliaire primitive). De nouveaux développements intéressants tels que les inhibiteurs du transport iléal des acides biliaires pourraient jouer un rôle à l’avenir.

Marie Ongaro et Francesco Negro des hôpitaux universitaires de Genève donnent un aperçu des tout derniers développements dans le domaine du traitement des hépatites B et C. À côté des médicaments déjà approuvés pour le traitement de l’hépatite B, plusieurs nouvelles substances – comme p. ex. le bulévirtide qui bloque l’entrée du virus de l’hépatite B dans les hépatocytes par sa liaison à un transporteur hépatique des acides biliaires – sont actuellement évaluées dans des études. L’OMS a pour objectif d’éliminer l’hépatite B dans le monde entier, essentiellement par la vaccination à l’échelle mondiale et par la prévention d’une transmission materno-fœtale. Contre l’hépatite C, on dispose aujourd’hui de traitements très efficaces qui ne causent pratiquement pas d’effets indésirables. L’hépatite C n’est toutefois pas encore éliminée à l’échelle mondiale parce que seulement 5 % des patients infectés reçoivent un traitement adéquat. En Suisse, cela concerne en particulier les patients sans domicile fixe et les utilisateurs de drogues intraveineuses. Après un traitement efficace de l’hépatite C, des contrôles de suivi par imagerie et par analyses de laboratoire ne sont généralement pas nécessaires. Des contrôles de l’évolution après l’élimination réussie du virus de l’hépatite C restent toutefois nécessaires chez un sous-groupe relativement peu nombreux de patients. Ainsi, malgré l’éradication permanente du virus, les patients atteints d’une fibrose avancée du foie (stades Metavir F3/4) et les patients présentant des comorbidités (p. ex. obésité, stéatose hépatique, diabète de type 2) doivent par exemple être soumis régulièrement à des examens de suivi (échographie/IRM, alpha-fœtoprotéine) pour assurer la détection précoce de carcinomes hépatocellulaires.

L’article de Jürgen M. Bauer du centre hospitalier universitaire de Heidelberg se penche sur la nutrition chez les personnes âgées. Nous atteignons un âge de plus en plus élevé. Par conséquent, la connaissance de la nutrition optimale au grand âge est particulièrement importante pour les médecins exerçant en cabinet ou à l’hôpital. Une nutrition optimale au grand âge peut contribuer à réduire la probabilité de fragilisation et d’immobilisation. Les personnes de plus de 70 ans perdent de la masse musculaire, tandis que la masse grasse augmente avec l’âge. À côté d’un exercice musculaire ciblé, un apport protéique accru (1 g par kg de poids corporel) est important au grand âge pour compenser cette évolution naturelle. En sens inverse, une perte de poids due à une malnutrition ou à un régime volontaire chez les patients de 70 ans ou plus peut causer une perte significative de masse musculaire, entraînant le risque d’une perte de force et de mobilité de la personne âgée. Chez les patients à partir de 70 ans, une perte de poids ne doit être envisagée que lors d’une obésité prononcée, et le poids cible – surtout au grand âge – doit être plus élevé (IMC 25–35) que chez les jeunes adultes. Les régimes sains tels que le régime méditerranéen obtiennent une signification particulière au grand âge ; ils peuvent contribuer à une amélioration des performances cognitives.

Dans le Journal Club, Andrea De Gottardi de l’Universitá della Svizzera Italiana présente en aperçu une approche thérapeutique novatrice avec le nouvel agoniste du récepteur de thrombopoïétine avatrombopag chez les patients atteints d’une hépatopathie avancée avec thrombopénie sévère. Un faible taux plaquettaire (<50.000/l) cause un risque significatif d’hémorragie lors d’interventions à haut risque telles que p. ex. une biopsie du foie ou une CPRE avec sphinctérotomie. Les perfusions de thrombocytes avant de telles interventions étaient jusqu’à présent le traitement de référence, bien qu’elles n’augmentent le taux plaquettaires que transitoirement et peuvent relativement souvent causer des complications (p. ex. fièvre, allergies, etc.) ainsi qu’une hypertension portale. Dans les deux études, l’administration d’avatrombopag (approuvé depuis peu en Suisse) a causé une augmentation significative des taux plaquettaires sans effets indésirables sévères.

J’espère que vous trouverez les articles de ce numéro intéressants et vous souhaite une excellente lecture.

Bien à vous,

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Prof. Michael Fried

Editor in Chief